Une exposition est une situation faite d’objets et de murs. Leur reproduction et leur manipulation posent un problème d’attention. Mes objets se manifestent sous formes d’images en volume et de photographies, mais il est aussi question de duplication de formes discrètes, tel du mobilier, par un changement de matériaux ou par des déréglages formels. Il s’agit de créer des formes qui apparaissent tout d’abord sans qualités remarquables, une forme de tromperie où l’exposition oscille entre un espace de stockage et un travail en cours. À travers la fabrication de ces aberrations d’objets et de certaines modifications de l’espace où ils sont disposés, je cherche à produire une exposition comparable à un décors qui se présente comme une nature morte à l’échelle d’un lieu. De cette manière, je peux interroger la présence même d’un objet en jouant avec ses qualités formelles, mais aussi avec la valeur même qui lui est implicitement attribuée dans la pensée commune.
Ainsi, Il s’agit de créer un moment d’ exposition agissant comme une situation d’ objets, dans la continuité des questions posées par Arthur Danto dans La Transfiguration du Banal, ainsi que par certaines pratiques post-minimales. Je ne cherche pas une critique de la valeur, mais un élargissement de la pensée de l’ objet à son contexte, de même qu’ une manière de puiser dans la porosité entre lieu d’ art et lieu commun, des gestes propres à provoquer un regard mêlé à la fois d’attentes quant à l’ activité artistique, et à la fois de reconnaissance de lieux et d’ usages familiers.