Entrepôts commerciaux, Hard-discount, ateliers industriels, archives, chantiers urbains, sont des situations de transit où lieux et objets peuvent être appréciés pour leur ambiguïté. Qui participe aux activités de ces mondes du travail – l’ ouvrier de manutention, le bibliothécaire, l’agent de rayon – peut s’ y accorder une pause où le flux se meut en un moment de flottement, de suspens. Cette expérience du monde ouvrier et de l’ étude sont à la racine de mon travail.
A l’ atelier, je construis et dispose des objets qui peuvent être tour à tour des duplications de formes usuelles, des allusions au mobilier, des déréglages formels. L’ espace apparaît tantôt sous la forme d’image, tantôt sous des formes évoquant directement le bâti industriel.
Je me glisse dans la peau de cet employé d’ industrie ou de supermarché, comme celui dont la pause cigarette se serait éternisée. Dans cette attitude, il y a résurgence d’un regard tel que pourrait l’ être celui d’ un peintre qui , sans pinceau, n’ aurait à sa portée que des gestes de réorgnaisation et pour unique registre, la nature-morte. Mon atelier pourrait également être celui du designer vagabond, attiré par les redites, les allusions marquées à l’histoire du minimalisme et du ready-made.
La peinture est mêlée d’ évocation d’ une réalité faite d’indications, d’ informations génériques, de formes archaïques trouvées chez le carrossier, le vendeur de jouets ou l’ histoire du modernisme . Elle apparaît également comme un objet parmi d’ autres et le tableau comme une pièce fabriquée, pour laquelle le peintre-agent d’ entretien garde de profonds doutes.